Ce forum est destiné à une approche du chien basée sur l’observation du monde canin, sur l’écoute mutuelle, sur le respect de son monde...mais aussi sur l’investissement du maitre !

Pour l’éducation du chien, ce compagnon de vie, nous cherchons à lui faire comprendre ce que nous attendons de lui, sans leurres, ni jouets, ni friandises, sans moyens coercitifs (collier halti, à pointe, vary...etc) simplement grâce à notre gestuelle, avec nos mots, nos demandes, avec nos caresses, en prenant en compte nos émotions, ainsi que ce que montre le chien...en nous remettant en question aussi et en essayant de repérer nos incohérences !
Sur ce forum, vous ne trouverez pas de conseils pour le “assis-coucher-pas bouger”...vous ne trouverez pas de conseils pour bien travailler à la friandise (ou au clicker)...nous cherchons plutôt à comprendre son comportement pour mieux vivre en harmonie avec lui, dans la vie de tous les jours...pour une relation complice et un plaisir partagé !

Nous cherchons à vous faire prendre conscience de l’impact de votre gestuelle, de vos émotions,… sur votre compagnon.

Notre approche repose aussi sur la sociabilité du chien : interactions des chiens entre eux…

Le chien et son philosophe

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chance
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar chance » mer. nov. 11, 2015 12:14 pm

Idem, passionnant
:155: :155: :94:

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Maripinouk
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar Maripinouk » mer. nov. 11, 2015 1:53 pm

Quel dommage que ce livre n'existe pas en français ! Je crois que je passerai mon temps à le lire et le relire ...
Merci pour ces traductions :162:

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Cath
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar Cath » mer. nov. 11, 2015 7:41 pm

Je découvre ce post... et je me régale !!!
Un grand, très grand merci pour ces traductions.
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre,
ni de réussir pour persévérer.

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basile_one
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar basile_one » jeu. nov. 12, 2015 1:06 pm

Merci pour vos merci :D . C'est avec plaisir que je le fais. De traduire oblige à bien réfléchir à ce que veut dire l'auteur et à ne pas survoler. C'est, pour moi, une autre façon d'assimiler, en profondeur. Dans l'autre sens je traduis aussi des passages du livre de Mr Escafre pour en faire profiter ma copine ici. Non négligeable: après 30 ans d'allemand, je progresse enfin :114:. Et puis en fin de compte: si ça peut faire avancer le schmilblick pour nos amis à quatre pattes.....alors oui :149:
J'aime bien la personne que mon chien me fait devenir.

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basile_one
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar basile_one » dim. nov. 15, 2015 6:38 pm

"Kuksi et les animaux sauvages

Les rencontres avec les animaux sauvages sont toujours excitantes. Mais ça peut aussi parfois prendre des proportions inattendues. Les bouquetins mâles sont très imposants, ils peuvent peser jusqu’à 80 kg et ont de grandes cornes. Ils n’ont pas très peur de l’être humain, pour autant que celui-ci ne les chasse pas. Une fois nous en avons rencontré un aux abords de rochers en dessus de la limite de la forêt. Mon ami chien a couru vers le bouquetin. Celui-ci est resté tranquille, puis soudain il a baissé ses cornes et attaqué Kuksi. Kuksi a essayé de le semer en faisant tout plein de zig zags. Le bouquetin se rapprochait de pus en plus et a chargé Kuksi avec ses cornes. Kuksi a alors vraiment pris peur et est venu se réfugier dans ma direction. J’ai ramassé une pierre et l’ai lancée derrière Kuksi devant les pattes de l’assaillant, ça ne l’a absolument pas impressionné. Rapidement j’ai couru me réfugier derrière un groupe d’arbres/buissons (ne trouve pas la traduction exacte..). Kuksi est venu se cacher entre mes jambes. Le bouquetin était de l’autre côté, à même pas 2 mètres et me fixait de ses deux yeux foncés. Ses grands nasaux s’ouvraient et se fermaient, une image qui n’était pas faite pour me rassurer. Il a commencé à avancer pour faire le tour du groupe d’arbres. Kuksi et moi avons marché dans l’autre direction, de façon à ce que les arbres restent toujours entre nous. Le bouquetin a changé de direction, nous aussi. Enfin après un très long moment le bouquetin a décidé d’abandonner et s’en est allé fièrement, parfaitement conscient de sa supériorité. A peine avait-il fait 50 mètres que Kuksi et moi sommes partis de derrière notre groupe d’arbres pour partir à toute vitesse en direction de la forêt.

Mais Kuksi avait appris sa leçon. Lorsque, des années plus tard, nous avons rencontré sur une pente très raide 2 bouquetins, il est resté très tranquille et près de moi. Nous avons passé sans encombre cette fois-là.

Certaines rencontres ne se terminent pas aussi simplement. Au printemps le coq de bruyère parade. C’est un grand gallinacé avec un bec particulièrement imposant et des griffes non moins impressionnantes, même si sa maladresse rappelle assez vite sa parenté avec les poules. Dans des conditions normales il n’y a aucune crainte à avoir de cet animal. Cependant ceux qui ont déjà vu un coq défendre ses poules savent ce dont cet animal est capable. Il en va de même avec le coq de bruyère, bien plus grand qu’un coq normal, dont le comportement territorial est très marqué au printemps pendant la période des parades. Kuksi et moi ne se doutant de rien, nous baladions tranquillement. Soudain nous avons entendu un chant caractéristique . J’ai tout de suite pensé à un coq de bruyère, et effectivement on pouvait l’apercevoir à travers les arbres parsemés. Kuksi aussi l’a vu, mis il n’y a pas pris garde. Le coq cou et tête redressés, barbe hérissée, montrait ses paupières rouge vif et paradait, nous montrant un spectacle fascinant. Ce faisant il sautillait en s’approchant de plus en plus près de nous, jusqu’à ce que, mal à l’aise j’ordonne à Kuksi de s’en aller rapidement avec moi.

Cependant c’était sans tenir compte du coq. Il s’éleva bruyamment en l’air, voltigeant en cercle autour de nous, et atterrit devant moi. J’ai pris peur et me suis servi de mes piolets pour me défendre. Il se ruait sur moi en ouvrant son bec. Et là Kuksi est venu à mon aide. Comme une flèche noire il est passé à côté de moi et s’est jeté directement sur le coq. Celui-ci jetait les griffes de ses deux pattes en avant contre Kuksi, le tenant ainsi à distance. Les deux combattants étaient face à face, figés et faisant de grands cris. A mon tour j’ai marché contre le coq en tapant dans mes mains et en criant. Cette attaque des deux côtés l’a déstabilisé et il s’en est allé. Grâce à son engagement courageux Kuksi m’a certainement évité quelques blessures, mais a quand même été blessé.

Parfois les animaux sauvages sont comme des ombres, hors de notre vue, mais nous savons qu’ils sont là. En mars dans le sud des Carpates nous sommes tombés sur une piste toute fraîche , laissée par des loups. Nous avons décidé de la suivre. Sur la neige d’un pâturage on pouvait voir clairement qu’il s’agissait d’un groupe assez conséquent, composé de 13 animaux env. C’était facile de les suivra, leurs traces étaient bien visibles. Nous avons vu les places, où ils avaient tué et mangé un animal, nous avons vu leurs déjections dans lesquelles il y avait des restes d’os et surtout de poils. Nous pouvions même deviner leurs jeux dans la neige. Les loups avançaient au travers de la forêt sans creuser de tanières, ils n’avaient pas de petits avec eux. C’était probablement trop tôt dans l’année pour ça.

Nous les avons suivi pendant 5 jours. Les loups nous avaient certainement remarqué. Un matin nous avons vu leurs traces à à peine 50 mètres de notre tente. Eux aussi voulaient certainement savoir à qui ils avaient à faire. Fait intéressant, jamais ils n’ont hurlé pendant ces 5 jours. Pourtant dans d’autres de nos randonnées nous avons bien souvent entendu les loups hurler, parfois jusqu’à trois meutes en même temps.

On dit que les loups tuent les chiens quand ils les rencontrent. Effectivement il a dans les Carpates du Sud beaucoup de chiens errants, mais aucun en forêt. Apparement ils ne s’y risquent pas. Ils vivent plus volontiers dans les rues ou aux abords des cabanes de montagne, où ils trouvent des restes de nourriture laissés par les hommes. Le soir Kuksi va en général souvent seul dans la forêt, quand la tente est montée. Cette fois il ne l’a pas fait. Quand, dans des contrées où il y a des loups, il sort parfois le soir de la tente en aboyant, pour faire fuire quelqu’un que je ne peux ni entendre, ni voir, j’ai toujours un peu peur pour lui. Mais pendant ces 5 jours sur la piste des loups il n’a jamais montré ce comportement. Il restait bien tranquille auprès de moi. Il devait avoir senti la présence des loups pas très loin."
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar mimke » lun. nov. 16, 2015 12:32 pm

C'est vraiment fascinant! et tellment inhabituel! Encore merci, Basil_one! :149:

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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar Barraband » mar. nov. 17, 2015 5:33 pm

mimke a écrit :C'est vraiment fascinant!
:94:
Merci pour ces traductions !
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar basile_one » mer. nov. 25, 2015 8:25 pm

"5 jours sans sac à dos

Un jour j’ai décidé de passer 5 jours et 4 nuits sans sac à dos dans une région déserte. Je devais donc porter sur moi tout ce dont j’avais besoin. J’avais des souliers de montagne, un pantalon avec plein de poches, dans lesquelles j’ai enfoui quelques morceaux de tofu , des noix, des fruits secs et un peu de nourriture pour chien, ainsi qu’une veste attachée autour de ma taille et dont les poches étaient pleines de réserves de nourriture. C’est comme ça que nous avons pris la route Kuksi et moi.

Tout d’abord il fallait que nous passions le dos de la montagne, mais pour la nuit je voulais revenir à nouveau dans la forêt. D’expérience je sais que, en montagne sans tente et sans sac de couchage, quand il ne neige pas encore, la forêt offre un meilleur abri pour dormir.

Kuksi n’aime pas trop les champignons et ne m’aide pas vraiment à en trouver. Par contre c’est une toute autre histoire avec les myrtilles. Quand, pour la première fois, j’ai mangé ces fruits en sa présence, Kuksi est venu tout près de moi et m’a bien observé. Ensuite il s’est servi lui-même sur le buisson. Apparemment il a aimé, car depuis j’ai pu l`observer`plus d’une fois manger ces baies. Quand nous avons fait une halte le premier jour, Kuksi a disparu. Peu de temps après il est revenu les babines toutes bleues: des myrtilles! Pendant ces 5 jours toute nourriture offerte par la nature était la bienvenue. Je l’ai donc suivi et, effectivement il m’a conduit vers un champ de myrtilles.

L’eau est aussi très importante dans une région déserte, tout particulièrement quand on n’a aucun récipient avec soi, ce qui était mon cas en l’occurence. Dans les montagnes calcaires l’eau est assez rare, dans le granit par contre elle coule dans tous les coins pour finir dans la vallée. Les journées chaudes Kuksi ne rate jamais une source pour s’y hydrater. Parfois c’est lui qui découvre l’eau en premier et il me la montre. Il entend mieux, je vois mieux, nous nous complétons formidablement.

Lors de l’une de nos randonnées nous marchions le long d’une petite rivière, lui d’un côté, moi de l’autre, jusqu’à ce qu’une gorge se forme, de plus en plus profonde et abrupte . C’était déjà trop tard pour que l’un puisse rejoindre l’autre. Nous avons donc continué, séparés mais avec encore un contact visuel. Au bout d’une heure la gorge était de plus en plus large et atteignait une profondeur d’environs 100 mètres. J’étais inquiet. Kuksi n’était pas plus heureux que moi de cette situation et, dès que la pente l’a permis il est descendu, a traversé la rivière et est remonté de mon côté. J’étais soulagé d’être à nouveau avec lui.

Quand il a commencé à faire sombre j’ai continué de marcher sans lumière au travers de la forêt. Plus tard nous nous coucherions, moins longue serait la nuit. Dans les ténèbres il est naturellement plus facile de se perdre, et comme pendant un certain temps je n’entendais plus Kuksi, je l’ai appelé. Rien. Mais où était-il? J’ai entendu des bruissements près de moi et puis plus rien. J’ai appelé son nom dans l’obscurité. Pas de réaction. J’ai essayé encore une fois. Soudain j’ai senti quelque chose contre ma jambe. Il était assis à côté de moi dans l’obscurité et tentait d’attirer mon attention en me touchant délicatement du bout de sa patte. Sa façon claire de me dire « hallo je suis là, à tes côtés » m’a rempli d’affection pour lui. Je me suis assis à ses côtés et l’ai serré contre moi. Ses yeux sont beaucoup plus efficaces que les miens dans la nuit.

Juste après nous nous sommes couchés pour dormir. J’ai cherché un creux rempli de feuilles mortes. A côté de moi Kuksi creusait le sol et enlevait les pierres et les branches dures. Aussi dans la neige il s’aménage des creux pour dormir. On dit que c’est un acte instinctif, mais celui qui, une fois déjà a dormi en forêt sans natte comprendra fort bien le sens de ce comportement. Moi non plus je n’ai pas envie de dormir sur des cailloux."

C'est un délice de lire ce livre et un réel plaisir de vous en traduire des extraits. Une petite pensée pour l'auteur qui, la semaine dernière a eu pas mal d'ennuis en manifestant contre une forme de chasse en enclos. Chasse sur des animaux élevés tout exprès pour ça. Plainte a été déposée contre lui pour du "stalking" (harcèlement contre ces pauvres chasseurs).
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Maripinouk
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar Maripinouk » mer. nov. 25, 2015 8:38 pm

Encore un passage merveilleux !! Merci.

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chance
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Re: Le chien et son philosophe

Messagepar chance » jeu. nov. 26, 2015 8:10 am

Je ne me lasse pas de lire tes traductions: merveilleux récit! Une pensée pour ce monsieur qui s'attire des ennuis face aux chasseurs. La chasse en enclos est une sorte d'abattoir un peu plus large, quelle tristesse.


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