Par moments, ça m'embête vraiment très fortement. Par moments, je me dis que ça ne doit pas être dramatisé. Au final, je ne sais pas toujours trop quoi en penser. Je vous partage un petit article que j'ai écrit sur ma page Facebook, j'aimerais vraiment avoir vos retours. Comment gérez-vous des situations où les humains font de réelles erreurs? Je veux dire, surtout, comment le gérez-vous psychologiquement? Face à certaines bêtises, je me retiens souvent pour ne pas y répondre aussi bêtement... Ce sont des situations vraiment difficiles, mais j'ai envie de croire qu'elles le sont plus pour moi que pour mon chien - ça pourrait me rassurer un peu. De votre côté, ça donne quoi?
Aujourd'hui, balade en forêt, Gümüs est en longe. Viennent alors une dame et son chien au loin, ce dernier étant tenu en laisse courte. On garde une certaine distance - ou plutôt, je m’éloigne pour garder une certaine distance. La dame s'arrête et me demande si c'est un berger d'Anatolie. Ravie de la réponse, elle dit en avoir eu un aussi. Mais, ne pouvant se retenir d'être gentille avec moi et de me partager son savoir, elle m'affirme qu'il faut être très strict avec eux, qu’il ne faut rien laisser passer et autres bêtises similaires que mon cerveau n'a pas pu vraiment retenir. Je lui dis naturellement que je ne pense pas de la sorte. La discussion est lancée, quoique brève. Pendant ce temps, son chien ne communique pas du tout avec le mien - avec ce que me dit la maîtresse, ça ne m'étonne pas -, ce qui, je le sais bien, augmente l’intérêt du mien. Et naturellement, un moment donné, Gümüs essaye d’accélérer vers le chien, mais je le freine, il s’arrête à 5 mètres d'eux. Sauf que, pendant qu’il accélérait, une chose étrange se produisit. Comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit, la dame lui cria "non !" à trois reprises. À l'instar de ces malotrus des clubs traditionnels, elle cria en essayant d'être la plus impressionnante possible. Si à ce moment-là, par une force miraculeuse nos chiens avaient disparu et que j'étais seul dans cette forêt avec elle, je lui aurai montré, d'une manière très bête et inutile à coup sûr, ce que c'est que d'être réellement agressif. Mais alors que cette stupide idée m'occupa l'esprit une fraction de seconde, je vis la réaction de Gümüs : il s'en moqua complètement, il ne l'a même pas remarquée. À ses yeux, c’était comme si elle n’existait pas.
Un peu plus tard, autre rencontre avec un maître et ses deux petits chiens. Le maître est extrêmement sympathique - humainement parlant - et je n'ai aucun doute sur le fait qu'il aime les chiens. Je demande au loin si rencontre il peut y avoir, il me dit que bien sûr. Ces deux chiens viennent vers Gümüs en aboyant, mais ça se passe très bien, l’un est plus craintif, l’autre est plus joueur. Sauf que là, je vois le maître avancer vers Gümüs. Je sens la gaffe, naturellement. Je dis alors : « ne le caressez pas. » Trop tard, sa main est déjà sur sa tête : Gümüs a été très saisi. Le maître, étonné, me regarde sans comprendre. Je répète : « ne le caressez pas. » Il n’arrête pas. Je dois trouver quelque chose de rapide, simple, sans lui faire peur. Je dis alors : « il risque de vous sauter dessus, ne le caressez pas. » C’est là ma troisième demande. Mais le maître me dit que ce n’est rien, qu’on est en forêt et qu’un chien peut sauter sur quelqu’un, que ça ne le dérange pas, etc. Je n’ai pas compté le nombre de caresses, mais Gümüs a fini par ignorer la personne : lui aussi finit par ne plus exister.
Pourquoi ces deux petites histoires? C'est que partout dit-on aux maîtres que les chiens doivent respecter ceux qui les entourent. C’est là une idée totalement légitime, évidemment. Mais encore ne devons-nous pas oublier que ce respect risque trop souvent d'aller dans un sens seulement. Dans ces deux cas, Gümüs a été bien plus « sociable » que moi. J’ai dû rester calme dans les deux situations, pour lui surtout, mais c’était loin d’être avec de la joie. Peu m'importe les intentions profondes de ces deux personnes, leurs comportements étaient totalement inappropriés. J’imagine que ce genre de rencontres, loin d'être nouveau pour nous, arrivera encore et encore. Et j’imagine qu’il ne me reste rien à faire si ce n’est de rendre mon chien toujours plus équilibré et sûr de lui pour tolérer la connerie humaine. En tout cas, je ne peux m’empêcher de croire qu’on demande constamment, dans ces choses qui paraissent petites pour beaucoup, des choses extraordinaires à nos chiens.