C'est très dur effectivement. Je vais essayer de te donner quelques clés qui personnellement m'avaient aidée à prendre du recul face au problème. Vois si ça peut t'être utile.
Les "3 P" de la résilience du psychologue Martin Seligman : personalization, permanence, pervasiveness (en anglais).
La personnalisation, c'est le fait de penser que le problème vient de toi. Cybelle n'agit pas contre toi, elle essaie simplement d'exprimer quelque chose et ne sait pas très bien comme faire autrement.
La permanence, c'est l'idée que le problème durera toujours. C'est faux, vous parviendrez à trouver une solution et bientôt ce sera de l'histoire ancienne (crois-moi). Il faut avoir un peu de patience.
La généralisation (ou pervasiveness), c'est l'impression que tout va mal. Il peut être utile de remettre ce problème à sa juste place et de se concentrer non seulement sur les aspects positifs de ta chienne, mais aussi sur ce qui va bien dans ta vie au-delà. Ca pourrait t'aider à prendre un peu de recul par rapport à elle et en bonus, alléger un peu la pression que tu lui mets peut-être inconsciemment en te focalisant trop sur elle.
Un autre outil qui m'a aidée, c'est de décortiquer les pensées et les émotions que j'avais à propos de cette situation, pour en prendre conscience d'une part, et essayer d'en adopter de nouvelles, d'autre part. C'est ainsi que j'ai pu me départir de pensées négatives (elle ne m'aime pas, quelle ingrate après tout ce que je fais pour elle, elle me rejette) et d'émotions correspondantes (tristesse, colère, sentiment de rejet) et choisir d'autres pensées et émotions plus "productives" : "pour l'instant c'est difficile pour elle, mais on va l'aider" ou "les difficultés qu'on surmontera ensemble renforceront d'autant plus notre relation sur le long terme" (mention spéciale à mon éducatrice pour celle-là

).
Je ne connais pas bien ta situation. Mon impression, c'est que ta chienne est beaucoup trop stimulée en rapport à son âge et à sa sensibilité. Tu as voulu faire les choses bien, tu l'as mise en situation de travail très tôt pour tenter de résoudre les problèmes que tu percevais, mais peut-être es-tu allée trop vite trop tôt. Pour moi, il y a trop de balades et trop d'activités différentes. Je ne jette pas la pierre, attention ! J'ai fait les mêmes erreurs, alors considère que je parle à un moi du passé et prends ce qui t'arrange.
Si j'étais à ta place, je tenterais de faire redescendre la pression, pour qu'elle puisse trouver un peu de sérénité et d'apaisement. Je réduirais nettement les sorties et les limiterais (dans la mesure du possible), à des environnements les moins stimulants possible. Ne pas sortir dans une optique "travail", mais dans une optique "détente". A la maison, je m'occuperais le moins possible d'elle et me trouverais d'autres occupations, pour se concentrer sur autre chose. Les chiots dorment beaucoup de toute manière, il ne faut pas culpabiliser. Je laisserais également tomber l'idée du mantrailing pour l'instant et me concentrerais sur les sorties avec l'éduc. Et voir déjà comment ça évolue à partir de là.
Quant aux trucs pour réagir quand elle mord la laisse (ou vous), je suis bien en peine de te dire ce qui a marché pour nous, parce que j'ai essayé tellement de choses différentes... Elle avait tenté aussi avec mon mari, qui lui avait stoppé court de suite et de manière très ferme et elle n'a plus réessayé. Avec moi, ça a duré des mois... Si tu relis le post d'Eldrid, tu verras à quel point j'ai tourné en rond. Je l'ai déjà attachée à un poteau (et fantasmé de la laisser là avec un écriteau autour du cou "petite chienne chiante à donner"

), mais avec un succès mitigé, car elle se calmait de suite, mais recommençait dès que j'allais la chercher. Ce qui a marché le mieux pour moi, c'est d'anticiper au maximum. Dès qu'elle montrait des signes de crise, je disais stop d'un ton ferme, parfois ça suffisait. Sinon, j'attrapais le harnais (sans violence) et faisais en sorte qu'elle ne puisse pas attraper la laisse, tout en essayant de rester très calme, jusqu'à ce que ça passe (elle se secouait, et puis c'était bon). Mais au final, le déclic est venu d'elle. A la fin, ses crises étaient limitées à trois passages piéton bien particuliers que j'ai évité pendant des mois. Jusqu'au jour où elle m'a emmenée d'elle-même vers l'un d'eux parce qu'elle ne voulait pas aller dans l'autre direction. Et elle a traversé très tranquillement et maintenant je n'ai plus ce problème-là. Pour autant, sa sensibilité à l'environnement n'est pas complètement partie, même si on progresse. J'ai donc autant plus envie de te dire d'y aller très mollo sous peine d'en payer les conséquences pendant encore longtemps.
Allez courage, ça va finir par s'arranger !
